Discours de la Rotonde - Vœux d'Emmanuel Grégoire pour 2025
Discours d'Emmanuel Grégoire
Mercredi 22 janvier 2025

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Chères amies, chers amis,
Chères camarades, chers camarades,
Quelle joie de vous retrouver toutes et tous ce soir dans le 19e arrondissement !
Permettez-moi avant de débuter d'avoir une pensée plus qu'émue pour cette figure emblématique de Paris et du 19e qu'est Roger Madec, qui nous a quitté le 9 décembre dernier. Ce soir, je pense à lui, à ses proches, à ses compagnons de route politique que son François Dagnaud et Halima Jemni, et évidemment à sa famille.
Nous voici donc à l'orée d'une année capitale. Capitale car à l'instant où je m'adresse à vous, la crème de l'internationale réactionnaire vient d'assister à la cérémonie d'investiture de Donald Trump. Trump l'a une nouvelle fois prouvé lors de son discours d'investiture : il ne parle qu'à ceux qui sont fascinés par sa voracité, sa violence assumée, sa conviction que tout se vend parce que tout se vaut. Il s'adresse à ceux qui croient voir en lui une réponse à leurs inquiétudes et à leur déclassement. Or, nous le savons, il s'empressera de les trahir.
Il en va toujours ainsi avec l'extrême droite : seule importe son obsession du bouc-émissaire, son obsession contre les femmes, les personnes LGBTQIA+, les minorités racisées, les immigrés et celles et ceux qui défendent leurs droits. Ces obsessions, ce sont aussi celles de Vladimir Poutine, qui continue d'affirmer sans détour son ambition impérialiste. Il ne cache rien de son désir intact d'annihiler l'Ukraine contre laquelle il mène une guerre sans merci depuis trois ans maintenant.
Tout ceci devrait nous conduire à un sursaut européen, à nous affirmer pour défendre ce que nous sommes, notre passion pour la démocratie, pour la culture, pour les droits de l'homme.
Mais non. Comme des lapins pris dans les phares, les élites européennes s'enferrent dans le silence. La Commission est aphone et les 27 tergiversent, alors qu'Elon Musk entend faire triompher l'extrême-droite sur notre continent.
Raphaël Glucksmann l'écrivait encore il y a quelques jours : nous devons engager la résistance, il en va de la survie de l'Europe. Ce combat sera sans merci. Pour 2025, je sais que nous pouvons compter sur tous les socialistes français au parlement européen pour le mener de front !
Ce début d'année a également été marqué par un fragile cessez-le-feu à Gaza. Une lueur d'espoir, à la fois pour les familles des otages israéliens et pour la population palestinienne. Je voudrais que nous ayons une pensée pour les 1200 victimes des attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, et pour les plus de 45 000 gazaouis parmi lesquelles on compte plus de 70 % de femmes et d'enfants, victimes d'une riposte disproportionnée et indiscriminée de la part du gouvernement d'extrême droite de Benjamin Netanyahu. Alors que la politique brutale et destructrice du gouvernement israélien a également frappé le Liban, je tiens à exprimer mon soutien le plus profond aux militants et aux artisans de la paix, et notamment à la gauche israélienne, dont la voix est trop peu entendue.
Enfin, je ne peux évoquer la brutalité à l'internationale sans rappeler le recul alarmant des droits des femmes partout dans le monde, notamment en Iran et Afghanistan. Paris se tiendra toujours aux côtés de celles qui se battent pour leur liberté !
Il y a quelques semaines, des phénomènes d'une autre nature mais tout aussi brutaux s'abattaient sur le monde. En quelques heures, Mayotte est devenue un tas de ruines et Los Angeles un tas de cendres. Le dérèglement climatique rend chaque jour plus friable tout ce que l'on croyait solide. Il rend éphémère ce que l'on prenait pour éternel.
2024, année la plus chaude jamais enregistrée, a un bilan climatique qui devrait nous appeler à l'action la plus vigoureuse. Lors de ces évènements dramatiques, en un rien de temps, des femmes, des hommes, des personnes âgées, des enfants, ont tout perdu. C'est évidemment à eux que je pense. À eux, et à travers ces événements, à notre avenir commun et à l'indispensable lutte contre le dérèglement climatique.
Pourtant, la bifurcation écologique s'efface peu à peu de l'agenda. Ici, en France, elle n'a eu droit qu'à quelques lignes dans le discours de politique générale du Premier ministre, la semaine passée. À la brutalité du réchauffement climatique, François Bayrou a opposé la tiédeur de huit petits mots : « l'écologie n'est pas le problème, nous a-t-il dit, c'est la solution. » La belle affaire…
Mais après tout, comment s'en étonner ? Dans l'instabilité et sans majorité, François Bayrou vit au jour le jour. Or, lorsque l'on vit au jour le jour, on ne regarde pas les grands problèmes du monde en face. Il aura fallu que les socialistes, emmenés par Olivier Faure, Boris Vallaud et Patrick Kanner, engagent le rapport de force pour qu'il accepte, a minima, de regarder les problèmes quotidiens des Français : La pauvreté, en constante progression. L'Éducation, laminée. Le logement, inaccessible. L'hôpital public, en survie.
Après sept ans de casse des services publics, sept ans au bénéfice des puissants, sept ans de verticalité sourde, les Français ont pourtant exigé autre chose en juin dernier. Les Parisiens l'ont dit encore plus fortement que d'autres : avec Céline Hervieu, avec les autres parlementaires de gauche, nous en sommes la preuve ! Je suis profondément fier d'avoir été élu député de Paris, alors que notre responsabilité était - et est toujours - de s'engager corps et âme dans la bataille contre l'extrême-droite.
Je me dresserai toujours contre l'extrême-droite. Il faut mesurer le rôle historique, symbolique et politique de Paris dans cette bataille.
Face à cette menace de l'extrême droite, les Français se sont levés en masse. Ils ont été à la hauteur de leurs convictions et de leurs valeurs. Mais depuis six mois, le Président, lui, n'est pas à la hauteur. En refusant d'appeler à Matignon le bloc de gauche arrivé en tête le 7 juillet, il a paralysé notre démocratie.
Or, sauver notre démocratie, là est l'enjeu. C'est le sens de la décision que nous avons prise, pour cette fois, de ne pas censurer le Premier Ministre. Nous avons refusé de jouer la politique du pire, pour éviter le pire de la politique, c'est-à-dire l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite.
Cette décision de ne pas censurer le gouvernement a été extraordinairement difficile à prendre. Et je sais que pour beaucoup d'entre nous, elle reste encore difficile à accepter. Mais lorsque l'on voit qu'en moyenne, les Français sont désormais à découvert le 15 du mois, pouvons-nous rester immobiles ? Devons-nous nous contenter d'espérer la brèche à l'occasion d'une future échéance électorale ?
Je l'assume sans détours : sans majorité absolue, la gauche du « tout ou rien », c'est la gauche du rien. Et moi, mon affaire, c'est d'être utile aux Français et aux Parisiens.
Pouvons-nous dire que les acquis sont satisfaisants ? Non, ils ne le sont pas. Le choix que nous avons fait ne vaut donc que pour cette fois. Il n'est pas un blanc-seing. Il ne nous empêchera pas de batailler pour tenter d'obtenir un budget plus juste, ni de combattre pied à pied la politique des Retailleau, Darmanin et autre Dati. Ce choix ne nous empêchera pas de censurer s'il faut censurer dans les prochaines semaines. Il ne nous empêchera en rien de continuer à nous battre, avec toute notre conviction et avec nos partenaires de gauche.
D'ici là, ces négociations ne sont pas négligeables. Grâce à nous, il n'y aura pas de retour du gel des pensions de retraites en 2025, pas d'augmentation des taxes sur l'électricité, pas de déremboursement des consultations chez le médecin, pas de passage d'un à trois jours de carence dans la fonction publique, pas de suppression de 4000 postes d'enseignants. Grâce à nous, les patrimoines les plus insolents seront taxés.
Alors je peux vous dire qu'il faut une sacrée dose de courage, et j'ose le dire, un sens sacré du bien commun, pour prendre la décision que nous avons prise.
Comme tous les socialistes, je n'ignore rien de l'océan de cynisme qui s'étend face à nous. Je n'ignore rien de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, prêt à sacrifier les Français pour une hypothétique qualification au second tour d'une présidentielle anticipée face à Marine Le Pen - une présidentielle qu'il perdrait et qui conduirait à la victoire de l'extrême droite.
Parce que certains font mine de ne pas l'entendre, ma position est claire : si j'ai l'honneur de porter nos couleurs socialistes aux élections municipales de 2026, il n'y aura pas d'alliance avec Jean-Luc Mélenchon et ses affidés. Nous ne partageons ni les mêmes valeurs, ni la même vision pour Paris !
Si je n'ignore rien des calculs de Jean-Luc Mélenchon, je n'ignore rien non plus de petits calculs médiocres du camp présidentiel, qui pense que son seul intérêt est de fracturer le NFP et d'isoler les socialistes du reste de la gauche. Au fond, je vais vous dire ce que je pense : le Président nous craint. Il craint, bien sûr, que la gauche gouverne. Car rien ne lui est plus étranger que la justice sociale et la cause des plus fragiles.
Mais il craint avant tout que les socialistes puissent à nouveau gouverner. Ce serait, pour lui, le pire aveu d'échec. Imaginez : ce parti qu'il a méprisé, cette famille qu'il a trahie, qu'il a voulu laisser pour morte, voilà qu'elle revient. Elle revient, et il faut compter sur elle. Comment pourrait-il le supporter ?
Dans ces temps instables et brutaux, certains se contentent volontiers de la passivité. Pas nous. D'autres se satisfont d'éructer. Pas nous. D'autres encore, se réfugient dans la réaction. Pas nous.
Parce que nous sommes socialistes, parce que nous sommes de gauche, parce que nous sommes Paris.
Nous sommes Paris, et le monde entier a eu la preuve éclatante l'été dernier, à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques des pouvoirs et des possibles bien singuliers de notre Ville et de ses habitants. Paris s'est donnée à voir, dans toute sa splendeur, dans toute sa grandeur, ouvrant les festivités en plein fleuve et chaque épreuve en pleine ville.
Paris a montré, ce dont beaucoup doutaient, qu'elle savait faire. Qu'elle avait de la ressource et de l'avant-garde. Qu'elle avait un propos. Qu'elle avait une diversité à célébrer, une histoire à raconter, qui n'était pas seulement un héritage, des monuments iconiques, de belles images intemporelles, mais aussi un geste révolutionnaire, une ingéniosité, un esprit de liberté, un sens de la fraternité, une ville capable de se lever pour l'égalité.
La voilà, la grandeur de Paris ! Nous sommes Paris, cette ville longtemps endormie, que la droite se contentait de gérer, laissant prospérer les inégalités. La gauche l'a réveillée !
Bertrand Delanoë l'a transfigurée. Anne Hidalgo, par son courage et sa détermination, l'a fait entrer dans l'ère écologique.
Cette ère écologique de Paris a été le cœur de mon action comme Premier adjoint. En particulier lorsque j'ai mis l'ensemble des groupes de la majorité municipale autour de la table pour doter Paris de son Plan Local d'Urbanisme Bioclimatique. Personne n'y croyait !
Nous le savons, Paris ne sera pas épargné par les événements climatiques extrêmes qui ont touchés de nombreuses métropoles l'année passée. Devoir vivre à Paris à 50° C n'est pas une fiction. Nous y serons confrontés. C'est une menace à laquelle il faut se préparer dès maintenant. Alors Paris a entamé sa grande transformation ces dernières années, grâce à Bertrand, évidemment grâce à Anne.
Le bilan d'Anne Hidalgo, c'est le mien, c'est celui des maires d'arrondissement et de l'ensemble des élus de la majorité municipale. Ce bilan, c'est le nôtre. J'en suis fier !
Cette grande transformation dont nous héritons aujourd'hui et dont nous avons été les acteurs donne à Paris un visage, une voix et un rôle pionniers, que beaucoup d'autres villes reconnaissent et admirent. Merci à toi Bertrand, merci à toi, Anne. Vous avez tracé un chemin, vous avez contribué à rendre Paris plus grande encore.
Mais la grandeur de Paris, ce n'est pas seulement ce regard que le monde porte sur elle et ce qu'elle donne à voir au monde. Ce n'est pas seulement la capitale de la France, passage obligé des chefs d'État du monde entier, cette ville des possibles que chacun connaît et reconnaît.
La grandeur de Paris, c'est aussi l'aide-soignante qui attrape son bus après une nuit passée à l'hôpital à veiller sur les patients.
La grandeur de Paris, elle est dans le chauffeur qui prend son café à emporter entre deux livraisons, alors que la ville dort encore.
Elle est dans l'étudiant qui travaille au petit matin pour financer ses études, dans cette femme cheffe d'entreprise qui arrive au bureau aux premières lueurs du jour.
Elle est dans l'éboueur qui se lève à 4 heures du matin pour prendre son train et commencer son service.
La grandeur de Paris, elle est dans le centre d'accueil qui ouvre ses portes aux femmes victimes de violences, qui savent qu'elles seront accueillies et qu'elles seront crues, qu'elles ne seront pas seules.
Elle est dans celles et ceux qui achèvent leur maraude alors que le soleil se lève, auprès des sans-abris auxquels elles proposent un peu d'aide.
Elle est dans le cycliste qui dévale la rue d'Amsterdam.
Elle est dans la directrice d'école qui ouvre les portes aux élèves déposés le matin dans une de ces rues aux écoles du 12e qui ont changé la ville.
Elle dans la vieille dame qui claque la porte de son immeuble pour se rendre au marché après une nuit à chercher le sommeil.
Il n'y a pas de meilleur moment pour sentir la grandeur de Paris que le petit matin.
Et c'est de cette grandeur-là dont je veux m'occuper. La grandeur du Peuple de Paris.
Parce que sans le Peuple de Paris, sans ces femmes, ces hommes de toutes conditions, de toutes générations qui vivent, étudient, travaillent, flânent, sortent, naissent et vieillissent à Paris, Paris n'est rien. Chacun contribue à Paris, qu'il y soit né, qu'il y passe ou qu'il s'y installe.
Et tous ensemble, ils contribuent à faire de Paris une ville à nulle autre pareil.
Mais si Paris leur devient inaccessible, si Paris devient trop dur, si Paris ne sait pas faire une place à tous, et en particulier à ceux qui ont moins, et qui pourtant lui sont essentiels, alors l'autre grandeur, celle qui est célébrée et reconnue dans le monde entier, finira par s'effondrer.
La droite et les libéraux rêvent d'un Paris vitrine, d'un Paris réservé, d'un Paris privatisé. Ils pensent que seuls les puissants ont un droit sur Paris.
Moi je rêve d'un Paris vivant, où chacun a le droit à Paris. Le droit de venir s'y installer, le droit d'y rester et d'y revenir aussi, le droit d'y élever ses enfants, le droit de s'y émanciper, le droit d'y faire sa vie et de la réinventer.
Le droit de vivre à Paris commence par le droit de pouvoir s'y loger. C'est la priorité absolue. Et nous ne partons pas de rien : beaucoup a été fait depuis 2001. Nous devrons continuer de lutter contre le marché, qui n'a de cesse de confisquer des logements à ceux qui en ont besoin. Nous devrons continuer de nous battre contre la ségrégation urbaine, à commencer par la première - la ségrégation des riches - qui rend des pans entiers de la ville inaccessibles aux autres Parisiens.
Nous le savons, nous le voyons : quand les logements se raréfient, c'est la défiance envers Paris qui grandit.
Dès 2026, il nous faudra donc mettre tous les moyens nécessaires pour lutter contre la vacance des logements, contre la fraude. Des millions de mètres carrés vides à Paris, près de 300 000 logements inoccupés, ce n'est pas acceptable lorsque tant de gens qui le souhaiteraient n'arrivent pas à s'y loger.
Assez ! des effets spéculatifs du marché !
Assez ! de l'augmentation des meublés touristiques et des résidences secondaires à Paris !
Dans une telle crise, il n'y a pas de place pour les profiteurs de misère.
Je ne me résoudrai jamais à ce qu'une famille ne puisse rester à Paris faute de logement.
Je n'accepterai pas qu'un étudiant n'imagine plus s'y installer car Paris serait passée de ville des possibles à ville de l'inaccessible.
Paris, ce « Musée du XXIe siècle » pour reprendre le titre de Thomas Clerc, a un devoir, un rang à tenir quant à la projection et l'émancipation des jeunes. C'est une ville de rencontres, d'échanges, d'activités, de fêtes, un terreau culturel sans égal.
Cette culture si riche et foisonnante à Paris, c'est une clé essentielle pour comprendre le monde, s'y inscrire en tant que citoyen éclairé. Elle nourrit l'imaginaire, développe l'esprit critique et forge des liens entre les générations. Dans un monde où les réseaux sociaux évoluent sans régulation, et où les algorithmes dictent de plus en plus les préférences et les comportements des jeunes jusqu'à impacter leur santé mentale, il est urgent de réaffirmer le rôle de la culture dans l'éducation des enfants.
C'est pourquoi je proposerai à partir de 2026 le lancement d'un programme ambitieux : « Un mois, une découverte », qui vise à offrir à chaque enfant parisien une sortie culturelle ou artistique mensuelle — qu'il s'agisse d'une visite de musée, d'un spectacle théâtral, d'une découverte d'un monument historique, d'une immersion dans un tournage ou une répétition artistique. Ce programme s'inscrirait dans le cadre d'une ambition renouvelée pour les activités périscolaires, plus de 10 ans après leur création.
Dans les quartiers d'éducation prioritaire, dans un arrondissement comme le XIXe où nous sommes ce soir, non loin de la Philharmonie, je souhaite que chaque école puisse former un orchestre pour donner accès à la pratique d'un instrument de musique à des enfants qui en sont le plus souvent éloignés.
Animateurs, professeurs de la Ville, associations : Paris est riche de nombreux atouts que nous pourrons mobiliser pour que l'école publique joue son rôle d'émancipation auprès de tous les petits Parisiens : l'ouverture à la culture que j'évoquais bien sûr, mais aussi à la science, à la transition écologique, au sport, à la citoyenneté, à l'apprentissage des langues…
Donnons des perspectives aux petites Parisiennes et aux petits Parisiens ! Donnons les moyens à notre école publique !
Je ne me résous pas à voir l'école privée gagner chaque année du terrain à Paris au détriment de la mixité sociale. Nous avons tous entendu des collègues, des amis, nous dire « tu comprends, je préférerais mettre mes enfants à l'école publique, mais… »
Il y a une explication simple aux dilemmes qui se posent à de nombreuses familles : par idéologie, les derniers gouvernements ont baissé drastiquement les moyens de notre école, tout en exonérant l'école privée, pourtant elle aussi financée très largement par nos impôts ! Alors, de nouveau, sans détours et de front, nous mènerons le combat de l'école publique !
Le logement, la culture, l'école, c'est là que nous attendent les Parisiennes et les Parisiens.
Mais ce qu'ils attendent également, c'est le droit de vivre dans une ville harmonieuse, au quotidien. Nous le savons, une ville bouillonnante comme Paris est aussi une ville où peuvent émerger des tensions. Tensions entre automobilistes, piétons, cyclistes, usagers des transports en commun, entre visiteurs de passage et habitants de longue date, entre ceux qui vivent la nuit et ceux qui recherchent la tranquillité, entre le confort d'une livraison à domicile et l'engorgement du trafic… Il y a des fractures aussi, d'un quartier à l'autre, d'une zone à l'autre, qu'il faut pouvoir apaiser.
Quand la ville se transforme massivement - et elle s'est massivement transformée - il faut inventer de nouveaux modes de régulation. À nous de le faire, avec ambition et détermination.
Le droit de vivre à Paris, c'est également le droit de respirer à Paris. C'est-à-dire le droit de vivre dans une ville dépolluée, aérée, végétalisée, que l'on vive à Porte de la Villette, à Montparnasse ou à Saint-Paul. C'est le droit de vivre dans une ville propre et belle, parce qu'un espace public beau et propre est un espace public plus vivable, pour chaque quartier de Paris ! En ce sens et dans la continuité de réussites exceptionnelles que sont les « rues aux écoles » et la piétonnisation des berges de Seine, je souhaite l'accélération massive de la piétonnisation de nos rues. Parce que le piéton doit redevenir une figure centrale de Paris, parce que nous devons poursuivre concrètement la politique de réduction de la place de la voiture individuelle en ville, 1000 rues piétonnes en 2032, c'est un objectif à la hauteur de Paris.
Le développement du bus, du vélo et des aménagements cyclables a une place centrale dans le projet que je porte, car chacune, chacun, doit pouvoir se déplacer librement de façon décarbonée. Poursuivons la bifurcation écologique et économique que nous avons impulsée, et engageons une nouvelle étape de la fabrique de la ville. Poursuivons notre travail de réduction des déchets et de structuration de l'économie circulaire, inventons de nouvelles formes d'action en faveur d'une alimentation de qualité, accessible à tous, en s'inspirant du travail mené par Audrey Pulvar. Le bien manger ne doit pas être l'affaire des plus aisés. Il doit être l'affaire de toutes et tous.
Le droit de vivre à Paris, c'est également le droit à une prospérité partagée. Si Paris n'est qu'une ville où l'on vient faire de l'argent, alors Paris mourra. Si Paris est capable de s'assurer que les richesses qu'elle produit sont bénéfiques à l'ensemble de la population, Paris s'épanouira.
Je l'ai dit un peu avant : nous entrons dans une ère où des multimilliardaires revendiquent le droit de s'approprier les biens et les richesses, en imposant leurs règles et leurs lois. Nous aurons donc à leur opposer la règle et la loi, la force de la puissance publique et celle de notre tissu vivant de citoyens, d'acteurs sociaux, associatifs et économiques. Nous aurons à nous appuyer sur notre écosystème de la recherche, des universités, des entreprises innovantes, non pas au service d'une smart city ségrégante, mais au service d'une ville ingénieuse, qui sait s'appuyer sur les forces plurielles et diverses du Peuple de Paris dans une approche qui englobe à la fois progrès technologique et sobriété. C'est aussi celle d'un Paris des liens communs. Un Paris où tout le monde se croise, où les cultures se mélangent, où l'école de la République reste un lieu de mixité, un Paris où il existe encore plus d'espaces à disposition de toutes et tous pour que se créent des moments communs.
Cette convivialité, que certains voient disparaître, est l'une des richesses de Paris. Elle doit être remise en haut de nos priorités politiques. Car chacun n'a pas les moyens de se privatiser un bar ou un restaurant, je souhaite que dans chaque quartier s'ouvrent des lieux de convivialité, qui permettent à une famille d'organiser l'anniversaire de son enfant ou les noces d'or des grands-parents.
Ce que nous voulons, c'est aussi une ville qui sait prendre soin. Une ville qui fait preuve d'attention envers les plus précaires, les femmes et les hommes en perte d'autonomie, les femmes et les hommes en situation de handicap. C'est une ville qui sait faire du sujet des familles monoparentales une priorité absolue. La délibération sur les familles monoparentales adoptée en Conseil de Paris l'année passée a ouvert le chemin de leur reconnaissance et leur permet l'accès à de nouveaux droits. Demain, je souhaite que nous allions plus loin.
Je souhaite que dès 2026, nous ouvrions la voie à un véritable service de garde universelle, dont les principaux bénéficiaires seraient justement les enfants de cette mère ou de ce père seuls, contraint de concilier son activité professionnelle, la garde de ses enfants, et tous les problèmes du quotidien, le tout au détriment de son temps personnel. C'est une priorité pour le Paris de demain, permettre à celles et ceux qui en ont le besoin de se dégager du temps à soi.
Ce Paris des liens communs, c'est aussi une ville qui défend avec fierté les droits humains et lutte résolument contre les discriminations, contre le racisme, contre l'antisémitisme, une ville qui se revendique non-sexiste, LGBTQI-friendly, une ville qui est féministe.
Ce Paris féministe, je souhaite que ce soit un axe essentiel de notre future campagne.
Ce Paris féministe, il doit d'abord et avant tout s'appliquer à nous. Dans mon exécutif municipal, tous les postes à responsabilité seront paritaires ou majoritairement féminin.
Nous ne voulons pas d'une ville qui écrase : nous serons une ville qui élève. Voilà en somme ce que j'entends par Paris en grand : un Paris qui voit grand pour le Peuple de Paris. Et cela suppose de faire les choses autrement, en regardant le Peuple de Paris autrement. Le Peuple de Paris vit à Olympiades ou aux Batignolles, à Gambetta ou à Plaisance, porte de la Chapelle ou rue du Commerce.
Le Peuple de Paris est aussi le Peuple d'un quartier.
Nous renforcerons donc les moyens d'action à l'échelle des arrondissements, travaillerons à rendre les services publics plus efficaces et plus adaptés aux besoins de proximité - ceux des habitants du quartier, et ceux des agents du quartier, pour qu'ils puissent mieux remplir leurs missions.
Parce que nos services publics et leurs accès sont une priorité, nous créerons dans chaque arrondissement un guichet unique du service public, qui permettra à l'usager d'où qu'il vienne, d'échanger, au même endroit, avec la même personne, pour l'ensemble de ses démarches administratives. Le Peuple de Paris, c'est aussi celui qui rejoint la ville chaque matin en RER, depuis Fontenay ou Villetaneuse, Nanterre ou Pantin, Créteil ou Saint-Ouen. Ces femmes, ces hommes, sont aussi du Peuple de Paris. En venant pour travailler, étudier, flâner ou rêver, ils contribuent au bouillonnement, à la grandeur de Paris, à celle d'aujourd'hui, à celle de demain.
Cette contribution, moi qui suis un Parisien né et élevé au-delà du périphérique, je sais ce qu'elle signifie. Avec eux, avec les villes voisines dans lesquelles ils sont installés, nous aurons à inventer des relations nouvelles, plus pacifiées, plus respectueuses, plus équilibrées.
Penser Paris en Grand, c'est aussi penser aux bonnes échelles. L'avenir de la Seine, l'avenir du Périphérique, l'avenir des grands services urbains que nous partageons et qui sont les principaux enjeux de la ville de demain, nous devons les penser ensemble.
À nous de proposer d'autres voies, de travailler avec celles et ceux qui sont embarqués dans le même destin commun que nous, pour changer les portes en seuils, les frontières en lisières. Alors mes cher.es ami.es, pour nous engager sur cette voie, 2025 sera aussi une année capitale. Ce que j'ai tracé devant vous ce soir n'est qu'une première esquisse. Nous aurons à lui donner du relief pour en faire un projet, donner à voir les grands enjeux que nous avons à relever, ce souci du quotidien que nous défendons et cette nouvelle méthode que nous appelons de nos vœux. Il faudra l'enrichir, bien sûr, montrer que notre façon d'agir se fondera sur la science, à l'heure où certains ne la traitent plus que comme une opinion, qu'elle sera fondée aussi sur une démocratie citoyenne approfondie, continue et nourrie grâce au concours de la société civile organisée. Ce projet sera fidèle à l'action conduite par la gauche depuis 2001, c'est une évidence… nous savons d'où nous venons.
Il s'enrichira aussi de votre liberté, de notre liberté, parce que les temps ont changé et que notre récit ne peut donc plus être le même. Il sera concret parce qu'il aura puisé à la source de toutes nos utopies réalistes. Pour le bâtir, nous avons créé un collectif, qui a déjà engagé un important travail. Merci à tous ceux qui l'ont rejoint, Johanne, Antoine, Andrea, Dorine, Ayodele, Khadiatou, Isabelle, Alexandra, Bernard, Maxime, Mathieu, Fabienne, Cécile, Alia, Karim, Charles, Pauline, Mahor, Emma, Gaston, Jérôme, et tous les autres. Merci à vous tous : vous nous donnez une force immense pour engager la dynamique qui nous préparera à la victoire en 2026. Cette ambition pour Paris, nous aurons à la défendre, en premier lieu, devant les militants socialistes. C'est un moment démocratique important. Il fait la fierté du Parti. Je sais que ce moment sera serein et respectueux. Je le vois comme un moment d'émulation. Il nous rendra plus forts. Nous n'avons pas d'adversaires parmi les socialistes : nous n'avons que des camarades. Rémi sait tout le respect que j'ai pour lui, l'amitié qui nous lie. Ceux qui le soutiennent seront conduits à nous rejoindre. Parce que c'est ainsi que vit notre parti. C'est ce qui nous distingue de certaines maisons ou de certains mouvements qui ne tiennent que par la caporalisation.
Ici, les militants peuvent librement choisir leurs chefs de file, pour la Ville, puis pour les arrondissements. Quoi qu'il en soit, je souhaite sincèrement que cette étape soit rapide, parce que le temps nous est compté : nos partenaires écologistes multiplient les candidatures, la droite de Dati les ralliements.
Nous devrons encore négocier avec les partenaires, désigner nos têtes de liste d'arrondissement, travailler les arrondissements de conquêtes, avec toi chère Marine pour le 5e, Athenais pour le 8e, Florian pour le 15e, Karim pour le 17e et tant d'autres.
Nous devons enrichir le projet dans un dialogue avec les partenaires et surtout avec les habitants. Nous parler trop longtemps à nous-mêmes nous éloignerait de l'essentiel, à savoir écouter et convaincre les Parisiennes et les Parisiens. Nous avons des enjeux stratégiques devant nous : prendre le leadership à gauche, réaffirmer la présence des socialistes, nous renouveler, aller chercher plus de diversité, pour être plus représentatifs de la société. Nous aurons en particulier à nous rendre et à convaincre, dans les quartiers populaires, parmi les jeunes et les seniors, tout en nous assurant que ceux qui croient en nous se mobilisent pleinement.
En 2025, nous devons être sur le terrain et engager un dialogue constant et continu avec le Peuple de Paris.
En 2025, donnons-nous les moyens d'être prêts, rapidement.
Je sais que grâce à vous, avec vous, nous le serons. Parce qu'il va falloir affronter nos adversaires, et nous savons qu'ils ne reculeront devant rien.
La cheffe de file de la droite conservatrice, je l'évoquais précédemment, nous la connaissons bien. Nous savons qu'elle sera prête à vendre Paris pour une punchline. À moins que ce ne soit pour faire de bonnes affaires. Nous savons qu'elle reviendra sur tout ce qui fait notre fierté après 25 ans de gauche.
Oui, Rachida Dati reviendra sur la transformation nécessaire de l'espace public que nous avons engagé au service de notre projet écologique.
Oui, Rachida Dati reviendra sur notre politique en faveur du logement social.
Oui, Rachida Dati reviendra sur le développement des pistes cyclables et sur la réduction de la place de la voiture individuelle.
Oui, Rachida Dati reviendra sur la piétonnisation des Berges de Seine.
Oui, mes cher.es ami.es, si elle venait à l'emporter, les régressions à attendre pour le Peuple de Paris seraient lourdes de conséquences, en particulier pour les plus précaires.
Mais elle n'est pas le seul danger qui nous guette. L'extrême droite, et c'est nouveau, progresse aussi. Si l'on en croit les derniers sondages, plus de 15 % des Parisiens seraient prêts à voter pour elle. Ne croyons pas qu'il s'agît d'une menace lointaine. Le nuage brun ne s'arrêtera pas aux portes et menace directement le Peuple de Paris.
Ce même peuple, fier et uni, qui se dressait il y a dix ans, en janvier 2015, face aux terrorismes islamistes, pour la liberté d'expression et contre l'antisémitisme. Pour défendre la laïcité, ce bien commun qui est le ciment de notre pacte républicain. Cette fraternité, cette unité, l'extrême droite n'en voudra pas. Elle cherchera à nous diviser, à prospérer sur les passions tristes. Nous devrons combattre sans relâche sa brutalité.
La brutalité : tout ceci me ramène à ma question initiale : quand l'année nouvelle promet pour partie la brutalité, que pouvons-nous dire et qu'avons-nous à faire ?
Tout ceci justement. Tout ceci, c'est-à-dire Paris en Grand. Certains restent encore convaincus qu'à la brutalité, il faut opposer plus de brutalité. Certains pensent que puisque seule compte la force, il faut opposer la force. Nous ne sommes pas comme eux. Nous avons pour nous l'ambition, la fermeté, la détermination, la force de nos règles et de nos lois, notre capacité à coopérer avec nos voisins, notre attachement à la vie démocratique, notre refus absolu de stigmatiser quelqu'un pour ce qu'il est, notre intolérance à l'égard de l'intolérance, notre esprit de résistance. Si nous voulons Paris en Grand, c'est pour que le juste devienne fort. Pas pour faire croire que le fort est soudainement devenu juste. La brutalité, ce n'est pas nous. Et ce ne sera jamais nous. Gardons espoir. S'il y a un endroit dans le monde ou un homme ou une femme de gauche peut avoir de l'espoir, c'est bien à Paris. Et c'est bien lui qui nous réunit en ce soir de janvier pluvieux !
Alors pour 2025, mes amis, mes camarades, je vous souhaite, je nous souhaite, de conserver cet espoir, et d'être à l'écoute des plus vulnérables et des plus fragiles. Parce que c'est d'abord pour eux que nous nous battons. Je nous souhaite d'être fidèle à ce que nous sommes, à ce que nous croyons juste, à ce qui fait notre fierté et notre unité. Parce que nous le devons au Peuple de Paris. Et parce que nous allons gagner.
Bonne année à toutes et tous mes chères camarades, chers carmarades, mes chères amies, chers amis !